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Hello, j’étais en train de finir un avant-match aussi de mon côté, j’ai voulu parler plus largement du début de saison du stade et de la suite de la saison. Désolé pour le retard à l’allumage. Le voici :
J.12 OM – SB29, où en sommes-nous ?
Après cinq rencontres sans victoire, le Stade Brestois se déplace fragile vers le Vélodrome, avec un point d’avance seulement sur la zone de relégation. Face à lui, des phocéens meurtris par une troisième défaite en Ligue des champions. L’an passé, quatre revers avaient scellé les rêves européens. Newcastle, Union Saint-Gilloise, Liverpool, Bruges — leurs matchs à venir auront tous une saveur de fin de campagne. Mais, cette année, en championnat, à la faveur des blessures et de la fatigue parisienne, Marseille rêve du titre. Défaits à Lens et accrochés chez eux par des angevins qui ont joué les coups à fond, ils nous recevront samedi à 17 h (beIN) pour laver l’affront continental et affirmer leur ambition nationale. Je profite de ce match, avant la trêve internationale — que je considère comme le dernier de notre cycle de préparation — pour observer notre équipe de cœur avec plus de profondeur qu’à l’accoutumée.
Classement :
1. Paris SG (24)
2. Marseille (22)
3. Lens (22) …
12. Le Havre (13)
13. Brest (10)
14. Angers (10)
15. Nantes (9)
16. Lorient (9)
17. Metz (8)
18. Auxerre (7)
Championnat du maintien :
Marseille – Brest Le Havre – Nantes Lorient – Toulouse Angers – Auxerre Metz – Nice
L’adversaire :
L’OM, c’est un effectif à 400 millions d’euros : le deuxième de Ligue 1, le trentième au monde. Mais en ce moment, De Zerbi doit composer avec un groupe amputé. Face à nous, Balerdi, Lirola, Medina, Gouiri, Kondogbia, Traoré, Weah et Blanco sont blessés ; Garcia est suspendu. Les marseillais devraient donc revenir à une défense à quatre, abandonnée après la défaite à Lens et de nouveau contrainte par l’hécatombe à l’arrière. Murillo occupera le couloir droit, Pavard l’axe. Aguerd, leur meilleur défenseur, incertain face à l’Atalanta, pourrait être ménagé au profit d’Egan-Rilley — mais De Zerbi voudra peut-être aligner sa meilleure équipe pour renouer avec la victoire à domicile avant la trêve. Emerson devrait dépanner à droite en l’absence de Garcia. Derrière eux, Rulli, sans doute le meilleur gardien de Ligue 1 cette saison, tiendra sa place. Au milieu, O’Riley et Vermeeren pourraient former le double pivot, laissant souffler Højbjerg, remarquable hier soir. Devant, Greenwood, Gomes et Paixão animeront vraisemblablement la ligne offensive. J’ai un doute sur Paixão, transparent depuis plusieurs matchs – De Zerbi pourrait le sanctionner, il n’a jamais hésité à le faire avec Greenwood. Robino Vaz, la pépite de dix-huit ans, pourrait débuter — c’est le seul offensif à avoir réellement apporté lors des trois dernières rencontres. Mais, au fond, avec De Zerbi, les joueurs comptent moins que le système. C’est un architecte du jeu, capable de composer et décomposer son équipe sans rompre l’harmonie. Tout ce qu’il y a à retenir alors, c’est que l’OM est un bloc compact, difficile à fissurer. Leur obsession, c’est la possession : une construction patiente depuis l’arrière, des relances courtes, une circulation méticuleuse entre défense et milieu, tout pour attirer le pressing adverse et ouvrir des brèches dans lesquelles les Greenwood, Aubameyang et autres Vaz peuvent s’engouffrer.
Un onze possible :
……………………………Rulli……………………………. Murillo - Pavard – Egan-Rilley – Emerson ………………….O’Riley – Vermeeren……………. Greenwood……….Gomes………………..Paixão ……………………………..Vaz……………………………..
Le stade :
À l’issue de ce match, nous aurons disputé un tiers de la saison. Un tiers de saison offert sur l’autel de la prudence. C’est un autre débat — les acteurs ne sont pas les mêmes, et nous l’avons abordé ailleurs. Les cartes, ici, sont ce qu’elles sont et il faudra jouer avec. J’ai dit que je considérais ce match comme le dernier de notre cycle de préparation. Je considère aussi, vue notre stratégie de recrutement, que les matchs de Lille, Toulouse et Lens sont à part, une transition douloureuse qu’on ne saurait compter.
Comme beaucoup, il y a encore quelques matchs, je pensais que notre faiblesse était défensive. Je réalise aujourd’hui que notre arrière-garde sera notre force cette saison. Roy a dégagé une hiérarchie depuis deux matchs : les titulaires seront Majecki – Lala – Chardonnet – Coulibaly – Locko. Finalement, il a réussi à clarifier rapidement ce qui semblait être le plus gros chantier de la saison. C’est de bon augure : la défense est la position la plus collective sur le terrain, impossible de briller sans ses coéquipiers ; la plus grande part de la performance réside dans la communication et l’habitude. Maintenant, il faut insister, continuer… Ces cinq-là sauront être héroïques. Il y a tout un discours autour de Majecki qui s’est installé et qui, pour moi, ne représente pas la réalité. Il a fait des erreurs, on savait qu’il était au fond en arrivant. Mais ce n’est pas un mauvais gardien. Sur ses six matchs depuis Lens, il a fait trois clean sheets ; il prend trois buts contre le PSG, trois dans un derby irrationnel, un coup de pied arrêté au Havre. Son jeu au pied, factuellement, est critiquable. Mais c’est avant tout un problème de confiance — on l’a vu adresser une transversale magnifique à l’origine d’un but à Angers — et de mouvement, d’animation, de solutions. Aujourd’hui, Brest est l’équipe de Ligue 1 avec le plus de déchet dans la passe ; quand les espaces sont rares, on force le geste. Ce problème-là concerne l’ensemble de l’équipe, on y reviendra. Lorenzi nous a encore réservé une belle surprise avec le retour de Coulibaly. Roy l’a immédiatement installé, sûr de ses forces. Et effectivement, des forces il en a, en manque de rythme face à Lorient et au PSG, il a montré ensuite qu’il pouvait être solide. Son pied gauche parle pour lui, il a une des meilleures relances de L1. Il est là pour prouver qu’il peut avoir une saison pleine, il doit enchaîner, monter en puissance, exploser enfin. Diaz a été méritant, nous avons gagné avec lui, mais son potentiel, aujourd’hui, est sans commune mesure avec celui de son concurrent. Etant tous deux prêtés, nous n’avons aucun cadeau à faire, aucun statut à poser. D’ailleurs, visser Diaz sur le banc nous permettra peut-être de l’acheter la saison prochaine ? Classique Lorenzi. De son côté, Chardonnet revient bien. Mais il a besoin de travailler sur la durée avec son binôme pour atteindre son meilleur niveau. On l’a vu, il a ce supplément d’âme, cette agressivité, cet amour du maillot, qui offriront des repères à cette équipe en devenir. Il doit montrer la voie. Locko, pour le moment, c’est insuffisant, mais on ne revient pas d’une année sans football en trois mois. On ne revient pas non plus au niveau du meilleur arrière gauche du championnat dans une équipe qui se cherche, avec un central gauche et un ailier gauche différents chaque match. De même pour Lala : ses meilleurs matchs, il les a faits avec Del Castillo sur l’aile droite et Chardonnet dans l’axe. Il les connaît, il sait comment jouer avec eux, quelle passe, quel appel. Ici, je ne milite pas pour RDC à droite, je milite pour de la stabilité au poste.
Doumbia blessé et bientôt à la CAN, Del Castillo devrait d’ailleurs tenir le rôle axial de meneur de jeu, au moins ce week-end et sans doute un moment en début d’année. Dans cette configuration, c’est Baldé qu’il faut installer à droite. J’ai trouvé les critiques à son encontre particulièrement dures le week-end dernier. C’était l’offensif le plus intéressant cet été, et il n’avait plus été titulaire depuis le 14 septembre. Tout ça demande du temps. On ne peut pas le balloter d’un point à l’autre de l’attaque à son retour de blessure et s’attendre à ce qu’il surnage contre l’OL. D’ailleurs, à 11 contre 11, ça aurait pu être son match, avec de la verticalité latérale, des espaces. Malheureusement, à 11 contre 10, Lyon, qui nous est bien supérieure, a joué bas, a sali le football et n’a pas cédé. On a vu mercredi ce que ça a donné entre le Bayern et le PSG, deux équipes pourtant plus proches en matière de niveau. Baldé est généreux offensivement et défensivement. Aujourd’hui, avec cet effectif, c’est tout ce qui compte. Labeau-Lascary, lui, est plus que généreux, il a quelque chose en plus et doit s’installer à gauche de l’attaque sur le long terme. Il doit être là, bouffer les espaces pendant nos transitions, rentrer dans l’axe pour soutenir Ajorque pendant nos possessions. Il sera important cette saison. Parce qu’aujourd’hui, Ajorque est bien seul, malheureusement. Quand on le trouve, c’est dans les airs, et s’il excelle dans le domaine, il est meilleur encore dans les pieds, dos au jeu. Mais dans les pieds, on ne le trouve pas et si on le trouve, il est seul. Pourtant, c’est lui notre regista aujourd’hui, c’est lui qui porte le QI foot de cette équipe, c’est lui qui saura s’il faut lancer Labeau-Lascary, remettre sur Del Castillo, ou changer vers Baldé. Pour remplacer Lees-Melou, on n’a pas besoin d’une nouvelle pointe basse extraordinaire, on a juste besoin de milieux capables de trouver Ajorque dans les pieds. C’est le cas de Doumbia. C’est d’ailleurs sa force, Doumbia tient la balle dans l’axe, parfois il la perd, mais souvent il aspire le pressing et trouve des ouvertures vers l’avant dans le jeu court. Avez-vous remarqué le vide laissé dans l’animation au trente mètres depuis sa blessure ? J’espère d’ailleurs qu’il n’ira pas en sélection la semaine prochaine, il revient systématiquement hors de forme, c’est un problème. En attendant, Del Castillo a les épaules pour prendre le relais. Différemment peut-être, il est plus ample dans sa conduite, donc ce sera un cran plus bas. Mais, prêt et en confiance, il saura jouer là. Car oui, quoi qu’il arrive, il nous faut un meneur de jeu. Nous connaissons le même problème que l’équipe de France depuis le départ de Pogba et Kanté : nous n’avons aucun milieu capable de casser les lignes balle au pied (Camara) ou par la passe (Lees-Melou). Deschamps a opté pour un système avec Olise en 10 pour libérer ses pivots de la responsabilité du jeu. À notre échelle, nous devons faire pareil. Le 4-2-3-1 s’impose.
Au final, aujourd’hui, notre défense est solide — ou va le devenir — et nos quatre offensifs sont talentueux. Pour moi, la principale inconnue, c’est le niveau de notre double pivot. Chotard offre des prestations individuelles de qualité depuis le début de saison mais n’a pas, pour le moment, le niveau d’un Camara ou d’un Lees-Melou. Il gratte des ballons, mais brise peu de lignes. Magnetti non plus, il est capable de trouver un arrière latéral ou son meneur de jeu pendant une phase de transition rapide, ce qui est rare face à un bloc bas, mais ça s’arrête là. Et aujourd’hui, notre principal problème est là : notre bloc est coupé en deux parce que nos pivots n’arrivent pas à jouer vers l’avant. Pour moi, Tousart a été le joueur le plus faible sur le terrain contre Le Havre, il était cramé à la trentième. Mais, contre son ancienne équipe, il a été capable de passes vers l’avant, face à un bloc bas. Alors aujourd’hui, s’il est encore loin de son niveau athlétique, je pense qu’il faut persévérer avec lui. Vers janvier, en forme, il sera incroyable. Il est capable d’aller à la guerre et de trouver tout le monde sur le terrain. Mais d’ici là, ce sera long. D’un point de vue collectif, je vois deux axes de tension. Le premier, c’est la justesse technique et, comme je l’ai dit plus haut, ce n’est pas un problème de justesse individuelle. C’est un problème d’animation, d’appels. Et ça, quelque part heureusement, c’est assez simple : c’est comme le pressing, une question de travail à l’entraînement, d’automatismes sur le terrain et surtout de condition physique. Le deuxième axe, c’est la confiance. Et ça, en revanche, ce n’est pas simple. Les leviers sont rares, c’est souvent une histoire de cercles. Diego Simeone disait que ça commençait par le sourire au quotidien, ensuite le plaisir à l’entraînement. Guy Roux, lui, disait qu’un match nul suffit pour redonner confiance à un groupe. Tout ça, je l’avoue, me dépasse, ce sont les paramètres du plus haut niveau, je n’en ai pas l’expérience. Mais je ne crois pas que les révolutions tactiques successives changent quoi que ce soit. Roy excelle dans le conditionnement mental, il faut avoir foi en lui. Il installera un onze, il travaillera son groupe, et ça reviendra. En fin de compte, la plupart des clés pour notre survie sont en notre possession, et avec un effectif complet et à 100 %, on pourrait aligner un onze compétitif pour le maintien :
……………………...Majecki………………………. Lala – Chardonnet – Coulibaly – Locko ……………….Chotard – Tousart………………. Del Castillo – Doumbia – Labeau-Lascary ……………………..Ajorque………………………….
Mais le problème est là : « avec un effectif complet et à 100 % ». C’est souvent l’histoire d’une saison, on a rarement un effectif plein. Et on en vient à l’une des problématiques majeures de cette saison, c’est l’absence complète de banc. Nous sommes l’équipe qui effectue ses changements le plus tard. Dans cette équipe type, qui faire entrer pour apporter quelque chose de différent ou simplement ne pas diminuer le niveau du onze ? Je vois Baldé, Magnetti. C’est tout. Dina Ebimbe a du potentiel, mais comme Tousart, en enchaînant les matchs, il ne sera pas prêt avant janvier. Malheureusement, je pense qu’on ne pourra pas retaper tout le monde et Tousart, d’une part, est signé, et d’autre part me semble meilleur. De même, Mboup progressera en enchaînant les matchs, mais il est trop loin du niveau de Labeau-Lascary pour engranger le temps nécessaire à sa montée en puissance. Ses entrées affaibliront l’équipe. J’espère que la direction en est consciente et qu’on cherchera à étoffer notre banc cet hiver avec un milieu et un attaquant polyvalent, même en prêt.
En ce qui concerne particulièrement le match face à l’OM, ça risque de ne pas être le même match que face à Lyon : les Marseillais ne nous laisseront pas la balle chez eux, jamais. Je ne sais pas si certains d’entre vous ont bien observé notre mise en place face à Lyon avant le rouge à la huitième minute. J’ai bien aimé de mon côté : un bloc assez bas, bien en place, solidaire, et des explosions latérales en transition (un schéma qui mène d’ailleurs au rouge). Je pense qu’il faudra repartir là-dessus et jouer tous les coups à fond. Si on est solide derrière et qu’on y croit devant, on peut leur poser problème.
Je vois le onze suivant :
………………………..Majecki…………………….. Lala – Chardonnet – Coulibaly – Locko ……………….Chotard – Tousart……………… Baldé – Del Castillo – Labeau-Lascary ……………………….Ajorque………………………
Ô les cœurs amis brestois ! Tout est déjà là, et si ce n’est pas le cas, c’est peut-être encore mieux. Comme l’a dit un personnage bien connu de la rade : on fait le dos rond.
Allez Brest !
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