Flambée de violences en banlieue parisienne --par Cécile Brisson--
AP | 03.11.05 | 18:21
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BOBIGNY, Seine-Saint-Denis (AP) -- Les appels au calme et les dizaines d'arrestations n'y font rien: depuis maintenant une semaine, la banlieue parisienne connaît des violences nocturnes, à coups d'incendies de voitures et de dégradations de bâtiments. Au moins neuf personnes, dont trois civils, ont été légèrement blessées dans la nuit de mercredi à jeudi en Seine-Saint-Denis, où quatre coups de feu ont été tirés sans faire de victime.
Le parquet de Bobigny (Seine-Saint-Denis) a ouvert jeudi après-midi une information judiciaire contre X pour non-assistance à personne en danger afin que toute la lumière soit faite sur la mort de Traore, 15 ans, et Zyed, 17 ans. C'est l'électrocution de ces deux jeunes à Clichy-sous-Bois jeudi dernier (27 octobre) qui avait mis le feu aux poudres.
Se croyant poursuivis par la police, Traore et Zyed s'étaient réfugiés avec Muttin, 17 ans, dans un transformateur EDF. Le troisième adolescent a été grièvement brûlé. S'en étaient suivies plusieurs nuits d'échauffourées entre jeunes et forces de l'ordre à Clichy-sous-Bois. Vendredi 28 octobre, un véhicule des CRS avait même essuyé un tir à balle réelle.
Un calme relatif est progressivement revenu à Clichy-sous-Bois mais les violences ont gagné d'autres communes d'Ile-de-France: 315 voitures ont brûlé dans la région dans la nuit de mercredi à jeudi, dont 177 en Seine-Saint-Denis. D'après la préfecture du 93, des incidents sont survenus dans une vingtaine de communes, sur la quarantaine que compte le département. A Aulnay-sous-Bois, un garage Renault a été incendié tandis qu'une école maternelle, un poste de police et un centre commercial étaient endommagés. Le Blanc-Mesnil, Bobigny, Sevran et Bondy figurent aussi parmi les villes les plus touchées.
Quatre tirs à balles réelles ont été signalés en Seine-Saint-Denis. Deux ont visé des policiers à La Courneuve, un autre des pompiers à Noisy-le-Sec; la cible du quatrième tir, à Saint-Denis, n'a pas été précisée.
La préfecture de ce département faisait état de neuf blessés: trois civils, deux pompiers, dont l'un a été brûlé au visage par un engin incendiaire, et quatre policiers atteints par des pierres lancées par des émeutiers. Par ailleurs, une cinquantaine d'individus a investi mercredi vers 18h30 le centre commercial Bobigny 2, brisant la vitrine d'une boutique de prêt-à-porter et dérobant le contenu de deux caisses d'un hypermarché, selon le directeur du complexe Alex Mussawy. Trois personnes, dont une caissière, ont été légèrement blessées.
Au Blanc-Mesnil, des vandales s'en sont pris à un gymnase, à un lycée et à la gare RER (réseau express régional). Mercredi vers 23h, une trentaine d'agresseurs ont contraint le conducteur d'un train à quitter sa cabine de pilotage, ont cassé des vitres et dévalisé au moins deux passagers. Une femme a été légèrement coupée par des éclats de verre, selon la direction régionale de la SNCF.
Pour protester contre cette insécurité, des agents SNCF ont cessé le travail sur les axes nord du RER B. Le trafic était perturbé jeudi entre la gare du nord et l'aéroport Charles-de-Gaulle d'une part, Mitry-Claye d'autre part, accusant des retards de 15 à 30 minutes.
La Fédération générale autonome des agents de conduite "exige un accompagnement des forces de l'ordre sur les trains de banlieue de fin de soirée et de nuit". En l'absence d'un tel dispositif, la FGAAC, deuxième syndicat des conducteurs de train au plan national derrière la CGT, "recommande aux agents de conduite de faire valoir leur droit de retrait et de ne pas assumer la responsabilité de la conduite de trains non sécurisés".
Face aux violences urbaines, la police a procédé à 41 interpellations dans la nuit de mercredi à jeudi, d'après le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy, qui recensait 143 interpellations en une semaine.
"L'Etat républicain ne cédera pas", a assuré jeudi le chef du gouvernement Dominique de Villepin lors des questions au gouvernement au Sénat. "L'ordre et la justice dans notre pays auront le dernier mot".
Le procureur de la République de Bobigny, François Molins, a assuré jeudi qu'il n'y avait "pas eu de course poursuite" entre les policiers et les trois adolescents de Clichy-sous-Bois qui s'étaient réfugiés dans le transformateur EDF. "Tout comme il n'y a pas, au sens juridique du terme, de relation de causalité entre l'intervention des services de police et le décès des deux jeunes".
L'Ile-de-France se préparait cependant à une nouvelle nuit d'échauffourées. D'après la préfecture de Seine-Saint-Denis, quelque 1.300 hommes (300 effectifs locaux et 12 unités mobiles) devaient se positionner en début de soirée en plusieurs points sensibles du département.
Le maire (UMP) d'Aulnay-sous-Bois Gérard Gaudron organise samedi matin une marche silencieuse de la caserne des pompiers, qui a été caillassée, au foyer club pour les seniors "sauvagement dévasté". AP
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