Autrefois, le numéro 10 était le beau joueur par excellence. Aujourd'hui, beaucoup d'entraîneurs sont embarrassés par sa présence dans leur propre équipe. Ceux qui alignent un meneur jeu le déplacent sur un côté, en attaque. Je constate un vrai paradoxe: l'entraîneur qui a ce type de joueur dans son propre effectif ne le fait pas jouer. Mais s'il évolue dans l'équipe adverse, on lui colle trois joueurs au marquage... Il existe un point commun à toutes les équipes qui pratiquent un beau jeu: un meneur, plus ou moins proche de l'attaque. Diego au Werder, Cambiasso à l'Inter, Scholes à Manchester United, Fabregas à Arsenal, Xavi, Iniesta et Deco au Barça. Tous évoluent dans l'axe, pas collés à la ligne de touche. Ce genre de joueur est indispensable à une équipe, par sa clairvoyance et sa capacité à trouver les attaquants dans le bon tempo.
(So Foot, mars 07)

Il y a des équipes qui luttent héroïquement contre leurs faiblesses et qui sont facilement reconnaissables (défense lente, milieu de terrain agressif, et attaque ingénue), comme par exemple le Danemark; et il y a des équipes qui s'appuient sur l'ordre, mais qui ne seraient rien sans ses individualités, comme la France de Zidane. Quel grand sujet Zinédine Zidane. Il y a des matchs qui sont ennuyeux parce qu'il n'y a pas de rythme et d'autres qui sont chaotiques par excès de vélocité. Le football européen a toujours été pressé, mais aujourd'hui il exagère. La seule montre qui donne l'heure juste est celle de Zidane. Il a une palette incroyable; il sait quand il faut conserver la balle et quand il faut la donner, il sait quand il faut jouer court et quand il faut jouer long, il sait quand il faut écarter le jeu mais aussi quand il faut lui donner de la profondeur. Zidane sait quand il faut. Dans un football où la norme est régie par l'affrontement, Zidane trouve toujours les chemins dégagés. Le disque dur qu'il a dans la tête semble relier l'histoire du football européen et celle du football sud américain; en résulte un jeu et un joueur universel. Si l'un de ces valeureux joueurs suédois, danois ou norvégiens, qui font toujours ce qu'il semble qu'ils vont faire, arrivait un jour à recevoir l'instruction qu'un ancien entraîneur argentin donnait à pupilles « fais comme si tu allais, n 'y va pas, et va », il s'évanouirait. Zidane, lui le ferait.

Souhaitons que Masson joue ce rôle qui n'a pas été tenu à Brest depuis... Coco !

et ma question grrrrrrrrrrr...

pourquoi tous les gardiens professionnels ne mettent qu'un joueur au premier poteau sur un corner ??? (ou quasiment tous...)

Clairement, ce sont les déplacements sans le ballon qui mesurent l’intelligence de jeu. On peut prendre du plaisir sans le ballon. Bon, peut-être pas pendant quatre-vingt-dix minutes non plus… Un appel de balle te permet d’éprouver des sensations collectives, de comprendre que tu es une pièce du puzzle. Le jeu sans ballon peut être égoïste : on peut aussi demander le ballon en bout de chaîne, pour finaliser. En général, l’appel de balle est quand même un truc altruiste. Quand vous faites une course pour libérer un espace ou proposer une solution au porteur du ballon, l’objectif est le même que pour celui qui fait la passe : mettre l’équipe dans le sens du jeu, résoudre l’équation posée par l’adversaire.

Il est clair que c’est une partie importante du métier. On sait tous que le foot se joue dans l’ombre : se replacer, réduire la distance avec le coéquipier pour reconstituer le bloc-équipe [ce qui complique la progression adverse], coulisser pour couvrir un partenaire parti au pressing. Même si le porteur du ballon est privilégié par ceux qui filment un match, la télé ne m’enlève rien : je vois tout ce qui se passe, même le hors-champ. J’imagine, je complète : la fin d’une action me raconte ce qui s’est passé depuis le début du mouvement.