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Souvent, voire tout le temps, le stade Francis-Le Blé est, pour ses réguliers, un bout de pelouse bordé de tribunes où s'ébrouent 22 joueurs en quête de victoire. Mais ce samedi, il était le théâtre vide d'une visite municipale expliquant qu'un stade est bien plus que cela. Le vent pique les oreilles, s'engouffre sous les vêtements trop légers pour une fin d'hiver qui s'éternise. La route de Quimper grelotte en ce samedi ordinaire où, la veille, les Zefs ont été chercher un piteux match nul en terre tourangelle. À l'extérieur, ailleurs qu'à Le Blé. Mais alors, pourquoi ces chants de supporters à l'après-midi naissant, bruyant témoignage des soirs de joute, sortent-ils de l'enceinte cabossée en refrains virils ? Au pied de la grande tribune Foucauld, une cinquantaine de personnes sont massées devant quelques autres, dont Paula Fourdeux, du service patrimoine de la ville, qui tient un haut-parleur. Les cris viennent de là, enregistrement incitatif à suivre l'étrange balade dans les coursives du vieux stade. Pour animer cette promenade autour d'un rectangle vert, Philippe Guillou, du service des sports, a pris les clés de Francis-Le Blé. Toutes les clés, dont celle qui mène sur la pelouse, petit bout de terre tondu où la magie opère. Parfois. Il rappelle l'histoire de ce stade, né sous le nom d'Armoricaine, en 1922. Et à l'Armoricaine, jouait l'Armoricaine. Le premier match, en sépia, eut lieu contre le Stade français. L'histoire ne dit pas le score. Il y avait moins de 2.000 places. C'était avant. Avant la deuxième boucherie, avant que les patronages religieux s'entendent après la boucherie, avant que l'Armoricaine accueille le Stade brestois, en 1950. Avant 1982 et l'édification de la grande tribune et la mort de l'Armoricaine, remplacé par le nom de Francis-Le Blé. Mais ici, c'est Brest. Certains continuent à se rendre à l'Armoricaine dans la tribune Pen-Huel, rasée lors de la dernière montée des Zefs en Ligue 1. Ici, les souvenirs affluent. Gazon revu Mais tel n'est pas l'objet de la visite du jour. Plus technique, moins nostalgique. Quelques informations destinées aux plus mordus s'envolent dans l'air frais. Philippe Guillou indique notamment que le projet de grand stade, « vieux serpent de mer », semble en hibernation. Il parle aussi de cette pelouse, qui sera rénovée cet été avant d'être refaite à l'été 2016. « La piste du synthétique n'est pas prioritaire, dit-il. Nous réfléchissons à une pelouse classique plantée sur du sable et de la terre ou, comme à Nantes, à une pelouse hybride où les brins synthétiques et naturels se mélangent ». Il indique que la décision n'est pas arrêtée « mais, actuellement, la pelouse est belle ». Trois ou quatre enfants évadés du groupe attentif en attestent par de longues courses rapides, là où il n'y a pas si longtemps, l'empereur Drago et le roi Roberto distillaient leurs crochets imparables. Il n'y a pas 30 ans. Hier, quoi. À la prochaine fois Et la visite se dandine entre bancs de touche mythiques et parcage visiteurs. « Une cage », frémit Philippe Guillou, en entrant dans cette partie du stade interdite aux Brestois, où se massent les supporters adverses. Le chemin est balisé, « pour qu'il ne puisse pas y avoir de communication entre eux et les Brestois ». Dans le haut-parleur Téléphone rugit, « Argent trop cher », et Mickey 3D cause de Johnny Rep, alors que le mur de béton gris délimitant le stade de la rue de Douarnenez rappelle les fondations et l'histoire de bric et de broc de ce vieux stade chargé d'anecdotes comme autant de nuits de rêve que de cauchemars. Bientôt, après un tour dans les vestiaires, le petit groupe de ce samedi s'étiole. Il y reviendra la prochaine fois, celle où les supporters chantent pour de vrai.
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